« Ensuite, ce rapport dĂ©crit la bataille terrible que nous devons mener. Chaque dixiĂšme de degrĂ© de rĂ©chauffement compte. + 1,5 °C, + 1,8 °C ou + 2 °C⊠les consĂ©quences pour la biodiversitĂ©, pour les humains, ne seront pas les mĂȘmes. Il nâest pas impossible de stabiliser le changement Ă + 1,5 °C, câest techniquement atteignable. Mais il faudrait un tel changement que beaucoup nous disent que câest infaisable. Je le rĂ©pĂšte : câest possible ! Il sâagit de rĂ©agir comme si nous nous trouvions en Ă©tat de guerre ou de catastrophe majeure.
En 1942, les Ătats-Unis ont radicalement et trĂšs rapidement changĂ© leur Ă©conomie, leurs modes de production et de consommation. Ils ont reconverti leur industrie vers la guerre, ils ont promu des vĂȘtements courts pour garder du tissu pour les habits des soldats, ils ont limitĂ© la construction de grands bĂątiments pour Ă©conomiser les matĂ©riaux, ils ont interdit lâusage de la voiture pour des motifs autres que professionnels afin de garder du carburant, ils ont favorisĂ© lâautoproduction alimentaire afin que les productions agricoles servent lâeffort de guerre⊠Bref, si la population et les gouvernements mobilisent toutes leurs ressources vers un objectif, il devient atteignable. Câest pourquoi, Ă Alternatiba, nous disons : il est encore temps, changeons le systĂšme, pas le climat. »
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« Avons-nous un moyen de maintenir le mode de vie des pays riches ? Non. Dans Ă peine trente ans, la plupart de nos actes quotidiens feront partie de la mĂ©moire collective, on se dira : «Je me souviens, avant, il suffisait de sauter dans une voiture pour se rendre oĂč on voulait», ou «je me souviens, avant, on prenait lâavion comme ça». Pour les plus riches, cela durera un peu plus longtemps, mais pour lâensemble des populations, câest terminĂ©. On me parle souvent de lâimage dâune voiture folle qui foncerait dans un mur. Du coup, les gens se demandent si nous allons appuyer sur la pĂ©dale de frein Ă temps. Pour moi, nous sommes Ă bord dâune voiture qui sâest dĂ©jĂ jetĂ©e de la falaise et je pense que, dans une telle situation, les freins sont inutiles. Le dĂ©clin est inĂ©vitable. […]Â
En 1972, Ă la limite, nous aurions pu changer de trajectoire. A cette Ă©poque, lâempreinte Ă©cologique de lâhumanitĂ© Ă©tait encore soutenable. Ce concept mesure la quantitĂ© de biosphĂšre nĂ©cessaire Ă la production des ressources naturelles renouvelables et Ă lâabsorption des pollutions correspondant aux activitĂ©s humaines. En 1972, donc, nous utilisions 85% des capacitĂ©s de la biosphĂšre. Aujourdâhui, nous en utilisons 150% et ce rythme accĂ©lĂšre. Je ne sais pas exactement ce que signifie le dĂ©veloppement durable, mais quand on en est lĂ , il est certain quâil faut ralentir. Câest la loi fondamentale de la physique qui lâexige : plus on utilise de ressources, moins il y en a. Donc, il faut en vouloir moins. »
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« En tant quâindividu, on peut par exemple acheter un vĂ©lo, mais nous ne pouvons pas dĂ©velopper lâinfrastructure cyclable. Si les Danois ou les NĂ©erlandais utilisent plus le vĂ©lo que dâautre, ce nâest pas tant parce quâils sont plus soucieux de lâenvironnement que dâautres, câest dâabord parce quâils ont une excellente infrastructure cyclable, parce quâil est socialement acceptable de se dĂ©placer Ă vĂ©lo et parce que les automobilistes sont trĂšs respectueux des vĂ©los et ce dâautant que lâautomobiliste est toujours considĂ©rĂ© comme responsable en cas dâaccident, mĂȘme si câest le cycliste qui a commis une erreur. Or, sans cette infrastructure de soutien, on constate quâil est plus difficile dâamener un grand nombre de personnes Ă pratiquer le vĂ©lo⊠»
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« Ma perspective est autre. En tant quâanthropologue, et contrairement Ă la trĂšs grande majoritĂ© des Ă©conomistes, je ne perçois pas le grand rĂ©cit du progrĂšs continu et inĂ©luctable autrement que comme un mythe contemporain. Un mythe, contrairement au sens qui lui est communĂ©ment attachĂ©, nâest pas nĂ©cessairement faux, et celui-ci en particulier recĂšle sa part de vĂ©ritĂ©. Mais par mythe, il faut comprendre avant tout un rĂ©cit dont lâenjeu nâest pas quâil soit vrai ou faux, mais quâil donne du sens Ă lâexpĂ©rience concrĂšte de ceux qui lâinvoquent.
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Je pense quâil faut ĂȘtre plus ambitieux, et plus imaginatif, en inventant un mythe qui dĂ©passe celui de la croissance et du progrĂšs, tout en en rendant compte. Il faut proposer un rĂ©cit qui donne sens aux grandes transformations des 150 derniĂšres annĂ©es, tout en les considĂ©rant comme Ă peu prĂšs achevĂ©es afin de dĂ©gager lâhorizon idĂ©ologique et de permettre Ă dâautres rĂ©cits pourvoyeurs de sens dâĂ©merger. »
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« Si les Ă©cologistes ne prĂŽnent pas un vĂ©ganisme universel, câest parce quâils estiment que lâĂ©levage et la pĂȘche raisonnĂ©s ont aussi un intĂ©rĂȘt environnemental. Ils participent Ă lâentretien des montagnes et des forĂȘts, permettent de lutter contre les incendies et de perpĂ©tuer des espĂšces qui, sans lâintervention de lâhomme, pourraient disparaĂźtre. « Un mode de production fondĂ© sur le respect de lâanimal, de lâagriculteur et du consommateur doit ĂȘtre privilĂ©giĂ©, par le choix de la qualitĂ©, accessible Ă tous, face Ă la quantitĂ© », concluent les Verts. »
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« Une attitude quâapprouve le climatologue Robert Vautard, de lâinstitut Simon Laplace, au CNRS : « Aujourdâhui, il nous faut surtout Ă©viter lâingĂ©rable et gĂ©rer lâinĂ©vitable« , relĂšve celui qui a notamment travaillĂ© sur un projet dâextremoscope : « Les consĂ©quences du dĂ©rĂšglement seront nombreuses en France, mais si on simplifie, les prĂ©occupations majeures seront liĂ©es Ă des vagues de chaleur extrĂȘmes qui deviendront la norme; des sĂ©cheresses Ă rĂ©pĂ©tition ; la montĂ©e du niveau des mers, qui deviendra prĂ©occupante lors de tempĂȘtes ; des inondations par combinaison des pluies extrĂȘmes les plus fortes â avec des crues Ă©clairs, notamment dans les rĂ©gions du sud. On observe dĂ©jĂ en MĂ©diterranĂ©e une hausse des pluies extrĂȘmes, en moyenne de 20% depuis cinquante ans, et nous avons multipliĂ© par deux les chances dâassister Ă ce type dâĂ©vĂ©nements ».»
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« En tant que citoyens, en tant que consommateurs, en tant que travailleurs, nous affirmons donc dans ce manifeste notre dĂ©termination Ă changer un systĂšme Ă©conomique en lequel nous ne croyons plus. Nous sommes conscients que cela impliquera un changement de nos modes de vie, car cela est nĂ©cessaire : il est grand temps de prendre les mesures qui sâimposent et de cesser de vivre au-dessus de nos moyens, Ă crĂ©dit de la planĂšte, des autres peuples et des gĂ©nĂ©rations futures. Nous avons besoin dâun nouvel objectif que celui du maintien Ă tout prix de notre capacitĂ© Ă consommer des biens et des services dont nous pourrions nous passer. Nous devons placer la transition Ă©cologique au cĆur de notre projet de sociĂ©tĂ©. Pour y parvenir, un Ă©lan collectif doit naĂźtre. Et puisque lâampleur du chantier nĂ©cessite toutes les Ă©nergies, nous sommes prĂȘts Ă mobiliser la nĂŽtre, avec enthousiasme et dĂ©termination. Nous souhaitons, par notre mobilisation, inciter tous les acteurs de la sociĂ©tĂ© â les pouvoirs publics, les entreprises, les particuliers et les associations â Ă jouer leur rĂŽle dans cette grande transformation et Ă mener les changements nĂ©cessaires vers une sociĂ©tĂ© enfin soutenable. »
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CHAIRE AGROSYS, 2018. ConfĂ©rence P. Servigne – Un avenir sans pĂ©trole? / Rediffusion streaming [en ligne]. 8 octobre 2018. [ConsultĂ© le 13 octobre 2018]. Disponible Ă lâadresse : https://www.youtube.com/watch?v=SqasBu0pfmk.Â
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Branche paloise du mouvement ANV COP21
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ALEX, Joseph, 2017. Kokopelli, câest fini… – CQFD, mensuel de critique et dâexpĂ©rimentation sociales. In : [en ligne]. juin 2017. [ConsultĂ© le 13 octobre 2018]. Disponible Ă lâadresse : http://cqfd-journal.org/Kokopelli-c-est-fini-1831.Â
« Le monde associatif nâest pas toujours plus reluisant que celui de lâentreprise. Il mĂȘme sâavĂšre parfois pire. Illustration avec le cas dâune association reconnue, figure de la dĂ©fense de la diversitĂ© des semences, Kokopelli. »
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PASSE-MOI LES JUMELLES, 2018. «Au chevet des hĂ©rissons» ou le dĂ©vouement sans limites pour un animal menacĂ©. [en ligne]. 12 octobre 2018. [ConsultĂ© le 15 octobre 2018]. Disponible Ă lâadresse : https://www.youtube.com/watch?v=9szOlpgFTtg.Â
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GOBELINS, 2018. Thermostat 6 – Animation Short Film 2018 – GOBELINS [en ligne]. 20 septembre 2018. [ConsultĂ© le 15 octobre 2018]. Disponible Ă lâadresse : https://youtube.com/watch?v=j6Hz_gdqS1k&feature=youtu.be.Â